mercredi 16 mai 2018

En quelques mots...

Raymond DEKEN

chronologie succincte de sa vie


Français

Né le 25/02/1910         à ARMBOUTS CAPPEL,      
                       arrondissement de DUNKERQUE,                     
                       département du NORD

1925 –1928         Ecole Normale d'Instituteurs de DOUAI, sorti 1°.
Après quelques semaines en qualité d'instituteur dans une école de TOURCOING, il est nommé Maître Interne à l’ENP d’Armentières, poste qui lui permet de préparer le concours d'admission à  l’Ecole Normale Supérieure de l’Enseignement Technique.
1931                     reçu à l’Ecole Normale Supérieure de l’Enseignement Technique (située alors  près du Parc de Montsouris, à Paris), section EF –lettres, langues. Il s'y lie d'amitié avec René GIRARD (homonyme du philosophe membre de l'Académie Française), qui s'engagera également dans la Résistance, et qui, notamment, libèrera les immeubles de certains ministères lors de la Libération de PARIS.
1932-33                (année scolaire)    année universitaire passée en Angleterre (Exeter), dans le cadre de la formation de l'ENSET.
1933                      diplômé Professeur de Lettres-Langues (anglais)
                                          Service Militaire

19 mars 1934        nommé sous-lieutenant

1935                     Professeur à l’E.N.P. de METZ
                       Il se lie à Metz avec une famille aisée d'origine juive.                               Il y soigne sa forme physique (gymnastique, natation, canoë), sa nutrition (principes du Docteur CARTON, cures uvales), manifeste son intérêt pour la beauté, l'esthétique, le design.
Il dessine lui-même ses meubles, style art-déco, et les fait fabriquer par un menuisier ébéniste local.
Il adhère au Syndicat du personnel de l’enseignement technique.

24 décembre 1935      épouse Thérèse HAUW, fille d'Alfred HAUW  pilote maritime à la station de Dunkerque.

14 septembre 1937      nommé Lieutenant

1938               Professeur au C.T. de LILLE (Collège Baggio, actuellement Lycée Diderot).

30 novembre 1938       Militant du Syndicat du personnel de l’enseignement technique, il est gréviste contre la  signature de l’accord de Munich, participe à la manifestation nationale, interdite, est sanctionné de deux journées de suspension et de huit jours de retenue de salaire.

27/08/1939      mobilisé, rejoint Valenciennes 43° RI

début octobre                 rejoint Lille : dépôt

mi-octobre                     rattaché à l'Etat Major 1° Région, 2° Bureau

1° Février 1940              rejoint CIPL à Auxi-le- Château, avec recommandations du Colonel:                                  consciencieux, fera un excellent Officier de  liaison.
22 Mars 1940                 rejoint Div. Signals, 1 Div. HQ. (division anglaise) à Bersée, comme Chef de liaison et interprète.
10 Mai au 29 Mai :        campagne de Belgique et de France avec l'armée anglaise, comme interprète.

29 Mai 1940                   embarque à Dunkerque pour le repli des troupes en Angleterre.

3 Juin au 14 Juin :  camp de Tidworth - travaille à la réception, puis au départ des troupes françaises: Félicitations pour dévouement proposées à l'Etat Major.

14 Juin            retour en France par Cherbourg, puis la zone libre.

fin Juin au 14/07      Camp du Larzac, secrétaire du Colonel Cdt GBI du camp.

15 Juillet 16 août  1940        à Marcigny sur Loire (Saône et Loire), avec le Cdt Hugot, puis BOURG en BRESSE, où il est nommé pour faire office de Chef de Gendarmerie.

septembre 1940        démobilisé, il quitte la zone libre et retourne en zone occupée prendre son poste de professeur à Baggio, à Lille.

fin 1940, début 1941               Dans le contexte des actions exercées par les allemands contre les juifs, de l'arrestation par la Gestapo le 30 octobre 1940 de Paul Langevin, physicien français, professeur, pacifiste, anti-fasciste, rationaliste, ami d'Einstein, il adhère à la Ligue contre l'anti-sémitisme (SRDP).


dès avril 1941             Il réagit à l'appel du Front National, et vient se joindre à l'équipe qui s'est constituée à Lille autour de Maxime Berthe.
Il prend la responsabilité au plan régional et sur Lille d'un journal clandestin, l'Université Libre (dont le gendre de Paul Langevin, Jacques Solomon, est l'un des animateurs), et le diffuse en milieu étudiant.


Novembre 1941           En révolte contre l'occupation allemande, il rejoint l'armée clandestine du Front National, les Francs Tireurs et Partisans Français (F.T.P.F.)
                                      Il maintient un secret maximum sur son appartenance à la Résistance et sur ses activités, y compris auprès de ses proches et de son épouse, par sécurité pour tous.


à partir du 15/06/42       II s'installe à Rosult, avec son épouse (la famille Deken est implantée à Brillon, Rosult, et Millonfosse). Dans le cadre du Front National, il organise le recrutement des résistants pour la région de Valenciennes, est chargé de missions entre les différents groupes de résistance pour l’organisation du sabotage des installations militaires allemandes. Il joue un rôle actif dans toutes (SRDV) les actions contre l’ennemi.
                                        Il conserve son poste à Baggio, et fait, en train et vélo, la navette avec Lille.

FFI                                  depuis 1941 jusqu’au 11/08/1942

FFC Réseau Missions-Actions Plan Tortue B.O.A.
Ce plan consistait en des actions visant à ralentir considérablement tous les transports allemands.
                                du 01/09/1943 au 02/08/1944                             agent P1
                                       du 03/08/1944 au 01/09/1944 (fusillé)  agent P2, chargé de mission de 3° classe

15 juillet 1943                 naissance d'Alain Deken, son fils.
A l'inquiétude de son épouse sur les dangers qu'il court, il lui répond: "Il y a beaucoup d'autres Alain, et il y en a beaucoup d'autres comme moi."
Et il poursuit son engagement.

à partir de septembre 43         en tant que FFC, il participe aux opérations de sabotage entre LILLE et VALENCIENNES.

début 1944       un réseau de renseignement anglais, le réseau Sussex, s'installe à Baggio.

1944 (SRDP sur la date)       il est responsable des Milices Patriotiques du Front National du Secteur de Valenciennes.

12/07/1944 :                           il est nommé Capitaine suite aux décrets du Général KOENIG de Juin 1944.

                                      aux environs de cette date, il est désigné par Londres et les FFI pour prendre le  commandement militaire de la place de Valenciennes, aux côtés de Pierre Cuvelier, instituteur  à Raismes, cadre de la résistance, désigné lui comme futur Sous-Préfet. Celui-ci sera arrêté le 25 août et fusillé le 29 août  (il a été arrêté parce que circulant à bicyclette après le couvre-feu, allant 
visiter son épouse qui venait d'accoucher en Belgique, et reconnu parce que clandestin depuis son évasion de la prison de Loos).


FFI FTPF                  du 1/08/1944 au 11/08/1944 (arrestation)

6 août 1944               découverte d'un poste émetteur à Baggio (celui du réseau Sussex), arrestation et torture du concierge, Monsieur Duhamel, qui en gardera de lourdes blessures.

7 août 1944               le lieutenant parachutiste Guy Mignonneau, du réseau Sussex (en mission spéciale), qui avait  installé le poste émetteur, est abattu par les allemands à la porte du  Lycée.

11 août 1944             Il est arrêté, à Saint –Amand, selon le Club Histoire de Baggio, qui précise "qu'il rentrait de Lille où il était allé prévenir ses amis de la résistance, que l'organisation était connue de l'ennemi et qu'il leur avait  donné des  consignes de prudence, leur conseillant de se cacher,  mais lui, au mépris du danger, rejoignait son poste de combat."
                                  Il est emprisonné à la Kommandantur de Valenciennes (Lycée de jeunes filles ou Watteau), où il est interrogé et torturé.

le 28 août   perquisition à son domicile.
                       Sa femme l'aperçoit assis et gardé à l'arrière  de la voiture allemande. Rien n'y sera découvert. Elle ne le reverra plus vivant.

1° septembre 1944     face à l'avance des troupe alliées de libération, il est évacué avec 6 autres prisonniers (dont 2 prisonnières) de Valenciennes, en camionnette et en colonne motorisée, vers Bruxelles.
La colonne est attaquée par des résistants belges à Mons; elle leur échappe.
Elle fait demi-tour vers Valenciennes, mais fait un détour par les bois d'Onnaing, plus précisément par la plantation "Le Beaumont", propriété des Mînes d'Anzin..
Là, après trois heures d'attente (de 9 heures à 12 heures), les prisonniers sont abattus au révolver.
Raymond Deken a bien tenté de s'échapper en sautant de la camionnette. Myope, on lui avait écrasé ses lunettes. Les mains attachées derrière le dos, il s'est fracturé une cheville en sautant un fossé dans le bois. Il a été abattu sur place.

Le maître-garde des mînes, François JOLY, a rédigé un rapport détaillé sur la base des informations qui lui ont été rapportées par le surveillant Edmond JOLY le 1° septembre 1944 vers 16 heures (dixit):

Il y est relaté:

- qu'une colonne motorisée, dont la voiture de tête stationnait près de sa (Edmond JOLY) maison occupait la chasse de Beaumont depuis 9 heures.
- qu'une camionnette avait, vers 12 heures, stoppé près de sa maison, que 2 soldats allemands en étaient descendus pour remonter peu après dans la voiture, et diriger cette dernière à l'intérieur de la plantation.
- que quelques minutes après, il avait entendu des coups de feu, et que la voiture avait peu après regagné le chemin
- qu'il avait vu trois soldats allemands descendre de la voiture (2 en culotte verte, blouson noir, casquette noire, 1 en culotte verte et casquette verte) et, après avoir été interpellés par un officier de la colonne en station, étaient remontés en voiture, et que celle-ci s'était dirigée par le chemin de culture, vers la route THIERS-ONNAING.
- qu'il avait appris par sa femme que des civils avaient été fusillés, et qu'il devait, procéder à l'inhumation des corps.

- Je (le maître-garde des mînes, François JOLY) décidai de me présenter, en présence d'un couple de valenciennois parlant tous deux allemand (M et Mme RONDELAERE),  à l'officier commandant la colonne pour lui demander de surseoir à l'inhumation des corps et s'il m'autorisait à prévenir le Maire d'Onnaing

- Il me répondit que je pouvais faire ce que bon me semblerait, qu'il n'était pour rien dans cette affaire, et que c'était sans doute la Kommandantur de Valenciennes qui avait donné l'ordre d'exécution.

- En compagnie de M. RONDELAERE, de M.JOLY (Edmond) et de l'officier commandant la colonne, nous pénétrâmes dans le bois pour rechercher les corps…

Le rapport détaillé se pousuit: découverte des corps, arrivée du commissaire, examen des corps, toilettage fait par Mme JOLY, prise de photographies, signalement détaillé etc…


2 septembre 1944                Valenciennes et sa région (Raismes, Saint Amand, Trith, Onnaing...) sont libérés.

14 septembre 1944              Funérailles à Rosult, discours du Maire de Rosult

1° Novembre 1944              Cérémonie à Baggio, discours du Proviseur du Collège et d'un membre du FNL

12/02/1945                            Mention Officielle « Mort pour la France »

25/06/1946                            épouse sollicitée par le Ministre de l’Education Nationale pour accepter que la dépouille de son mari soit inhumée à la crypte de la Sorbonne à Paris.
9 juillet 1946                          Fervent Hommage aux Universitaires Morts pour la France.
                                               Son épouse est invitée à la cérémonie.
Dans le cadre de la quinzaine de l'Ecole laïque, cérémonie à Paris, Place de la Sorbonne:
-         en présence notamment de Monsieur Georges Bidault, de la Fédération de l'Education Nationale, de la Ligue de l'Enseignement, des doyens des cinq Facultés de Paris,
-         sur un imposant cénotaphe sont inscrits les noms des héros qui honorent l'enseignement français.
-         20 000 élèves défilent depuis les jardins des Tuileries, autour du monument de Jules Ferry, par le boulevard Saint-Michel et le boulevard Saint-Germain. Les musiques de l'Air et des gardiens de la paix les accompagnent.
-         les fleurs s'amoncellent au pied du cénotaphe.

11/11/1946                             Cérémonie à la Sorbonne en l’honneur de la Résistance Universitaire, en présence des dépouilles des douze maîtres (dont celle de Raymond DEKEN) et élèves choisis pour en symboliser l’héroïsme, destinées à être inhumées dans la crypte où des travaux sont en cours pour les accueillir.
          
après la guerre (SRDP)         il y aurait eu un procès à Metz, au tribunal militaire, concernant les auteurs du massacre du 1° septembre 1944.
                                               NDLR:
                                                concernant le contexte historique: 
                                                               il faut mentionner  la fermeture, par Pétain, des Ecoles Normales en Septembre 1940 et l'interdiction de certains manuels scolaires.
                                                concernant son arrestation (après vérification à la source en septembre 2010):
Raymond DEKEN avait été interpellé un soir, quelques jours avant le 11 août, au Mont des Bruyères (entre Raismes et Saint Amand), par une patrouille allemande, après le couvre-feu. Après un déplacement sur Lille en train, il rentrait tard à bicyclette d’une liaison avec le réseau de Valenciennes.
La patrouille a relevé son identité, lui a donné ordre de rester chez lui. Il n'a pas cherché à fuir.
Malgré cette interdiction, il est retourné à Lille le 11 août, pour un contact avec la direction départementale du FNL, et il a été arrêté à Saint-Amand, à son retour.
             Avant d'être emprisonné, ou pendant son séjour en prison, il a dit à son épouse: "Ils n'ont rien contre moi".
                                                concernant  le 1° septembre 1944: 
                                                               la colonne, ou au moins son chef,  était, semble-t-il, toujours sur place à 16 heure, la veille du jour de la libération d’Onnaing. Point confirmé ?
                                               concernant le procès, après la guerre, au tribunal militaire de Metz, des auteurs de l’exécution des prisonniers à Onnaing le 1° septembre 1944:  une meilleure connaissance des aboutissants de cette affaire reste à obtenir.
                                                
22 février 1947                      cérémonie à Metz en souvenir du Professeur Deken
30 Novembre 1948                Homologation du grade de Capitaine à titre posthume.





NB: SRDV = sous réserve de vérification,  SRDP= sous réserve de précisions.